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« Si vous ne faites rien, vous avez tort car vous mourez ; si vous agissez, vous avez tort, car vous tuez. » Le Droit de Vivre.

L’émotion, l’« oubli » de l’histoire et l’idéologie orientent la lecture de la guerre au Proche-Orient dans un sens qui tend à inverser les responsabilités : un an après le 7-Octobre, Israël fait bien souvent figure d’agresseur dans l’opinion. Dans une tribune, François Rachline rétablit l’ordre des faits.

Personne ne peut se réjouir d’un massacre. Personne ne peut crier victoire quand des civils meurent sous les bombes. Personne ne peut avancer qu’une mort palestinienne est moins désolante qu’une mort israélienne. Personne ne peut préférer la guerre à la paix. Personne ne peut soutenir le plaisir de tuer pour tuer. Ces différentes affirmations, désormais, sont reprises par la plupart des opinions, mais en oubliant qui a commencé. À partir d’un moment, le tort n’est plus attribué à l’agresseur mais à l’agressé.

Dans le cas d’Israël, la question est plus subtile. Pour ceux qui condamnent son existence depuis sa naissance, l’État hébreu est responsable de toutes les horreurs de la guerre, dès sa création. Chaque fois qu’il riposte, il démontre sa culpabilité à cause des dégâts causés aux populations civiles. Oubliées les initiatives arabes belliqueuses de 1948 (Indépendance), 1956 (Suez), 1967 (Six jours), 1973 (Kippour) et les attaques d’organisations terroristes comme le Hamas ou le Hezbollah depuis des décennies avec la folie paroxystique du 7-Octobre.

Se laisser assassiner pour ne tuer personne ?

L’histoire nous apprend que les victimes civiles représentaient 20% du total des morts en 1914-1918, 50% en 1939-1945 et dépassent ce chiffre dans les affrontements contemporains (guerre civile en Syrie, par exemple, entre 2011 et 2021). En particulier quand les armes et leurs servants sont essentiellement localisés dans des écoles, des hôpitaux ou des lieux de culte. Faudrait-il dans ce cas se laisser assassiner pour ne tuer personne ? C’est ce que semblent penser ceux qui « oublient » que tous les jours – absolument tous les jours – des missiles tirés du Liban ou de Syrie, du Yémen ou d’Iran s’abattent sur le territoire israélien. Quel pays au monde accepterait cette situation sans riposter ? Si, depuis la frontière italienne, Menton était bombardée journellement, que ferait la France ? Et si elle réagissait, comment accepterait-elle que des amis bien intentionnés exigent d’elle un cessez-le-feu immédiat dès les premières victimes civiles ? À cette aune, les Alliés auraient perdu la Seconde Guerre mondiale.

Il est inutile de s’arrêter aux bêtises qui sont proférées par tel ou tel acteur politique dont l’extrémisme se déclare de gauche tout en touchant à l’autre bord, vérolé par la pensée islamiste, ni à ces pauvres étudiants qui croient défendre une cause, soutenant ceux qui les manipulent pour mieux ensuite les bâillonner. Il est préférable de s’interroger sur les moyens dont devrait se doter la démocratie pour éviter que ses excès l’entraînent inexorablement vers la tyrannie. La liberté – notamment d’opinion – ne consiste pas à dire n’importe quoi, n’importe comment, contre n’importe qui, à n’importe quelle occasion, à mentir, à propager la haine et à inverser l’ordre des causalités. Ce serait la confondre avec une parole irresponsable, alors même que l’un des principaux principes sur lesquels repose la démocratie est celui de la responsabilité individuelle.

Israël aux avant-postes de la lutte contre le terrorisme

Dans l’état présent du droit au sein des sociétés démocratiques, il n’est pas facile de lutter contre le terrorisme international en se limitant le plus possible à la destruction de ses infrastructures et de ses affidés, sans ce que l’on appelle des « dégâts collatéraux » aussi désespérants soient-ils. Agir avec humanité contre les partisans de l’inhumanité est le plus grand défi lancé à toutes les démocraties du globe. Même celle gouvernée par des gens qui ne donnent pas l’impression de penser au « coup d’après ». Elles se trouvent placées devant une double contrainte (le double bind de l’École de Palo Alto) : si vous ne faites rien, vous avez tort car vous mourez ; si vous agissez, vous avez tort, car vous tuez.

La manière dont Israël a éliminé récemment des hommes qui sont d’abord des assassins n’est contestable que si on estime possible, voire souhaitable, de tuer des Israéliens gratuitement, sans risque. Concernant les terroristes, ceux qui parlent de résistance ont admis par avance l’absence de légitimité d’Israël sur son sol. Et ceux qui réclament ou exigent que cet État cesse de se défendre devraient se demander pourquoi il devrait être le seul dans ce cas. Peut-être finiront-ils par découvrir que la bataille menée par Israël n’a pas pour seul objectif le droit de vivre de ses ressortissants ou la défense de ses frontières. C’est aussi un combat pour la liberté du monde. Aux avant-postes de la lutte contre le terrorisme, Israël montre à tous comment se débarrasser de ce cancer.